« Développeurs Cobol, nous avons besoin de vous ! »
C’est en substance le SOS lancé début avril par le gouverneur américain de l’État du New Jersey, Phil Murphy.
L’heure de la revanche des geeks sur les gros bras a sonné. D’abord considéré comme une plaisanterie, cet appel aux volontaires a été relayé par plusieurs autres États.
Aujourd’hui, le sort de plusieurs milliers d’Américains mis en au chômage en raison du COVID-19 est entre les mains non pas de soldats, mais de développeurs du langage Cobol.
Retour sur la résurrection du langage Cobol par le COVID-19.
Langage Cobol : Co… quoi ?
Cobol est un langage de programmation que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… voire même les moins de 30 ans.
En effet, Cobol a été créé en 1959. Soit 10 ans avant que naisse le concept d’internet et de son ancêtre, l’Arpanet. Et 30 ans avant qu’internet se démocratise et entre dans les foyers.
À l’époque, le langage de programmation Cobol est considéré comme une prouesse car c’est le premier langage à pouvoir fonctionner sur tous les appareils, quel que soit le constructeur.
Cobol ne tarde pas à s’enraciner dans plusieurs secteurs : banque, assurance, santé et l’administration américaine, avant de se faire évincer par des langages de programmation plus modernes.
S’il fallait retenir une chose :
Grace Hopper est la mère de Cobol. Son argument ? Un langage de programmation doit pouvoir s’écrire dans un langage proche de l’anglais et non de celui de la machine. C’est également elle qui a créé le premier compilateur.
Pourquoi parler d’un langage qui a plus de 60 ans ?
En plein cœur de la tempête COVID-19, un large nombre d’entreprises américaines ont dû se résoudre à fermer, mettant sur le carreau plusieurs centaines de milliers d’Américains.
Résultat : autant de nouveaux demandeurs d’allocations chômage, faisant exploser les systèmes administratifs américains, reposant à 100% sur le langage Cobol.
Malgré son absence de notoriété, Cobol n’est pas un langage qui a été mis en veille, bien au contraire. D’après Reuters:
- 43% des systèmes bancaires américains reposent sur Cobol
- 95% des retraits en machine s’appuient sur Cobol
- 220 milliards de lignes de code sont utilisées quotidiennement
Paradoxalement, c’est le langage le moins utilisé à ce jour. En effet, outre la concurrence des autres langages, les développeurs sont généralement réticents à l’idée de travailler sur du legacy code.
Y a-t-il des volontaires pour sauver Cobol ?
Si l’appel du 8 avril de Phil Murphy a pu prêter à sourire auprès de la communauté des développeurs, force est de constater qu’il a trouvé un certain écho.
IBM et Linux Foundation ont joint leur force afin de mettre gratuitement à disposition des formations au développement Cobol pour encourager un maximum de volontaires à rejoindre la force virtuelle américaine. Un forum a également vu le jour afin que ces derniers puissent indiquer leurs disponibilités et leur niveau de connaissances afin d’apporter leur expertise à l’organisation adéquate.
D’après le site de la radio publique américaine NPR, déjà 3 000 personnes ont répondu à l’appel.
La crise sanitaire peut-elle déterrer d’autres langages de programmation ? Les États et les entreprises vont-ils repenser leur infrastructure pour avoir les reins solides pour faire face à une future catastrophe ?
S’il peut nous paraître surprenant de constater la résurrection du langage Cobol, ce n’est pas la première fois que ce langage met les États-Unis en apnée. Rappelons que le pays ne savait pas si ses systèmes allaient résister au bug de l’an 2000.
Cependant, il est peu probable que ces dernières optent pour un autre langage, d’abord parce que les tendances sont cycliques (nous en avons là une parfaite démonstration), et puis parce que ça ne ferait que déplacer le problème au lieu de le résoudre.
À n’en pas douter, une carte sera à jouer au lendemain de la crise pour les développeurs Cobol et le pays devra faire face à ses responsabilités et imaginer une solution pérenne et plus solide.
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